
LA LICE ET SES PETITS
Jean-Baptiste OUDRY (1686-1755)
Huile sur toile
103,3 x 131,7 cm.Inv. 71.2.1
1752
Le tableau repéré et acquis au Salon de 1753 par le baron d’Holbach a connu
un immense succès public, puis une véritable fortune artistique puisqu’il fut
copié et réinterprété de nombreuse fois. Selon Diderot, Oudry lui-même estimait que ce tableau était le meilleur qu’il avait peint, alors qu’il était déjà âgé de
67 ans et qu’il achevait sa carrière. Outre ses qualités picturales, le traitement
du clair-obscur et l’acuité dans la représentation de cette chienne, cette œuvre
constitue un important jalon dans l’histoire de la représentation animale.
La lice est un chien de chasse femelle destinée à la reproduction. Oudry la
montre ici allaitant ses six chiots dans une forme d’allégorie de la maternité. Le
peintre pousse très loin l’humanisation de l’animal en lui octroyant une attitude
de bienveillance et une expression d’attendrissement dans le regard, introduisant ainsi une nouvelle manière de représenter les animaux.
Jusqu’alors prédominait la vision de Descartes qui considérait l’animal comme
une simple machine, incapable d’éprouver le moindre sentiment. Cette figure
d’une mère avec ses petits coïncide avec une nouvelle époque où les naturalistes, tel le comte de Buffon (1707-1788), mais surtout Charles Georges Leroy
(1723-1789), lieutenant des chasses royales et philosophe, auteur des Lettres
sur les animaux (1768), affirment que les animaux étaient dotés de ressentis, de
réflexion et capables de sentiments et émotions.